J
FEUILLES
A WHITMAN
UN
DIMANCHE EN MAI.
Luisant
Comme
le vaste poème que j'ai conçu d'écrire
en
regardant ce matin luire immense devant moi
la
tour Montparnasse
Je
lisais Walt Whitman sur un marché
l'âme
désespérée parce que mon art
ne
trouvait pas l'homme ou la femme
qui
allait me sauver du désastre économiques
désastre
qui ne sévissait
que
dans la toute petite casserole
de
mon cerveau
Au
dessus ,la tour scintillante
se
dressait imposante,
elle
faisait écho
au
poème de Whitman
qui
resplendissait
au
dessus des espaces contingents
Mon
esprit habitué à se perdre
dans
les dédales de la vie quotidienne
cherchait
depuis quelques temps
désespéremment
la
bonne hauteur
ou
se hisser
pour
arriver à cet état
que
décrit Whitman
dans
son splendide poème
- chanson
de soi même -
Reste
avec moi une nuit
un
jour,tu verras
tu
maîtriseras
l'origine absolue
des poèmes.
Oreille
ouverte à tous les vents,
seras
ton propre filtre.
Oreille
ouverte à tous les vents
serait
la solution
et
Dieu peut être aussi
la
solution
si
je m'abandonnais enfin à lui
comme
Whitman
car
il sait que la promesse de sa main.
Est
la main de Dieu.
Mais
moi je vis dans le trouble
et
mon coeur est malade
malgré
son endurance
je
le sens qui fléchit,
car
depuis quelques années
il
a perdu l'habitude
de
se hisser au dessus
de
la tour blanche que forme
dans
mon esprit la poèsie.
Mon
coeur est retourné
dans
le vide angélique
de
ses délicieux délires
Il
se contente du bruissement
de
la nuit et des pas feutrés
que
font les chats
en
marchant sur ses deux ventricules.
Aujourd'hui
je
dois me reprendre
me
remettre sur le chemin têtu
de
l'amour carlingue du monde crée
tel
que le poète américain
me
la fait voir
En
le montrant du doigt
il
ma de nouveau indiqué
le
chemin de l'espérance
et
m'invite à quitter
toutes
mes désespérances
il
m'inviter à sauter
des
barques mortelles
qui
longent les étangs du monde matériel
il
m'invite à parcourir
les
flammes extraordinaires
qui
s'élancent au sommet
des
tours qui jaillissent
de
toutes les profondeurs
de
ma joie d'exister
de
toutes les profondeurs
d'abysses
monumentales
celles
qui secrètent la joie,
les
senteurs,les parfums
les
plaines parfumées immenses
recueuillient
dans le manteau de brume
qui
absorbe mon cerveau
derrière
lequel
je
dors encore
d'un
doux songe
qui
va bientôt s'éclairer.
PLUS
TARD LE LENDEMAIN.
Soleil
et près
je
suis assis sous un arbre
majestueux
les
rayons du soleil
me
jettent
dans
un état de joie immense.
J'ai
retrouvé en partie
le
sourire
de
ma jeunesse.
Même
si je ploie sous
les
ans
Je
continue ma lecture de Whitman
sous
un bel arbre jeune encore
il
me sourit à sa façon
en
défiant le ciel
il
dirige sur moi
ses
ailes vertes
luisantes
de soleil
Les
prés sont couverts de marguerites
il
y en a par milliers.
Des
brins d'herbes d'un vert radicalement vert
dressent
leurs magnifiques empenages
sur
le sol de Mai
des
boules merveilleuses
de
fleurs de pissenlits
agitent
langoureusement
leurs
sphères
transparentes
sur la verte pelouse
des
prés
un
chemin traverse les pins
et
les autres espèces d'arbres
que
je ne connais pas
tracent
entre les ombres
et
le soleil
un
lacis de merveilles
des
grenouilles
en
pleine fraie
croasses
à tout va.
Un
homme plante des pieux
qui
résonnent
dans
le sol.
Je
continue à lire Whitman
et
cela se vois
à
la manière
dont
j'écris
mon
poème.
Influencé
par sa voix
par
son chant
je
trace ce poème
incertain
en
regardant
de
temps en temps
le
ciel bleu immobile
qui
me fixe d'en haut
Un
oiseau rapide
traverse
l'azur
et
laisse derrière lui
une
trace invisible
Je
suis à la recherche
de
la nouvelle clarté
qui
éclairera
mes
jours sombres
de
peintre ruiné,
je
suisà la recherche
d'un
nouveau souffle
pour
ma vie enfumée.
VERSET
A L'AUBE
à
S..
Dans
ton coeur souvent
je
me suis rejouis
j'ai
cherché
durant
longtemps
à
apaiser
ma
soif d'amour
à
travers
l'image
délicieuse
de
ton apparition
j'ai
cherché
tes
baisers
sans
jamais les avoir
car
je ne les ais conçu
qu'en
imagination
j'ai
rêvé plusieur fois
que
je te faisais l'amour dans
un
champs
dans
les prés
dans
le train
dans
une cabine d'ascenseur
mais
toujours en vain
car
je n'ai de toi
jamais
fais que rêver
j'ai
transpercé ton coeur
avec
des allumettes
pour
y mettre le feu
mais
en vain
j'ai
plongé mon braque
de
poète viril
dans
ton beau con
de
femme poète
sans
jamais
me
douter
que
tu recevais
à
distance
mes
viriles
étreintes
sans
jamais
imaginer
que
ton rêve
c'était
de
t'accoupler à moi
comme
une lianne
à
son arbre
j'ai
parcouru l'amazonie
en
pensant à ta longue chevelure
de
blés dorés
mais
jamais je n'ai pu
me
résoudre
à
te dire mon amour
car
j'aimais depuis longtemps
une
autre que toi
une
autre femme mystérieuse
qui
avait pris mon âme
une
autre
que
j'aime encore
à
ce jour
malgré
le graal
des
années
qui
répand
sur
nos
yeux
l'abominable
voile
de
tristesse
de
la vieilllesse
j'ai
pourtant
toujours
pour toi
un
désir effroyable
il
ne me quitte pas
j'aimerais
le saisir
et
avec toi m'en aller
mais
une
main autre
que
la mienne
m'en
empêche
peut
être celle
de
la destinée
je
finirai
peut
être
un
jour
par
t'oublier
toi
déjà
tu
as cessé
de
m'aimer
car
je
ne vois plus
poindre
ton
sourire
entre
les
ailes
de
l'avion
qui
transportait
nos
rêves
lorsque
tu avais
vingt
ans
et
moi
plus
que 40.
J'ai
vu
entre
temps
le
ciel
se
séparer
et
se fendre
j'ai
vu
la
pellicule
du
temps
s'élargir
pour
laisser
passer
l'ivresse
qui
nous avait
étreint
et
la faire
disparaître
dans
l'espace
abyssale
du
néant
Dit
moi au moins
que
tu regrette
ma
disparition
que
tu rêve
de
moi
que
tu aimerais
me
rejoindre
sur
la nacelle
de
coton
et
de lumière
qui
berce
mes
espoirs
de
conquête
dis
moi
si
tu rêve
de
moi
la
nuit
dit
moi
que
tes mains
ont
aussi
un
espoir
de
conquête
dit
moi
que
tu voudrais
vivre
avec moi
et
te jeter
avec
moi
dans
le vide
abyssale
de
l'amour
absolu
de
l'amour
charnel
et
poétique
qui
nous
étreint
en
imagination
dit
moi
que
la
folie qui m'améne
et
me tire
vers
toi est une saine folie
dit
moi que
tu
aimerais
être
prise
dans
les racines
d'un
graal d'amour
qui
longe les
précipices
dit
moi
que
tu te donnes à moi
pour
toujours
pour
l'éternité
pour
le temps
d'un
matin
d'une
nuit
d'une
saison
d'un
instant
dit
moi
qu'un
jour tu
viendra
nue à moi
pour
t'offrir
comme
une
reine
immobile
sur
un char
entouré
de
grandes
flammes
qui
puisent
leurs
racines
dans
un
amour
sans faille.
Dit
moi!
Avant
que l'aube
pâlisse
et
que les vents tournent
que
je
n'écris pas
ce
grand et vaste
poême
pour
rien
Je
l'écris juste pour toi
pour
réveiller en toi
le
feu et les étincelles
de
joie
qui
allumérent
mon
coeur
il
y a longtemps
déjà
lorsque
mon
âme avait
vu
en toi
luire
la plaine
et
l'océan
A
travers
toi
j'avais
vu
luire
le poème
que
je t'écris
il
luisait si
fort
que
j'en étais abasourdi
et
c'est seulement
aujourd'hui
que
je l'écris
car
tout
ce temps
il
ma fallu
pour
songer
à
te
l'envoyer
car
entre temp
j'avais
perdu
le
sens
des
réalités
j'étais
parti
pour
voyager
hors
des
contrées
et
des vastes
pays
qui
entourent
mon coeur
A
présent
revenu
du
voyage
je
l'écris
même
si
je sais
qu'il
est peut être trop tard
la
nuit
qui
est passée
a
recouvert
de
brume
toutes
les frontières
et
je ne sais
plus
ou
se trouve
le
matin
le
soir
ou
l'après midi
je
ne sais même
plus
pour
qui
j'écris.
MUSIQUE
EN TETE
J'écris
devant mon ordinateur
cette
chose luisante
par
son écran
cette
chose
qui
capte l'attention
des
milliers
de
nouvelles générations
et
la mienne aussi
même
si elle marche
au
ralenti
cette
chose luisante
qui
surveille
la
planête
tout
entière
et
qui dévore
le
beau
comme
le
laid
cette
bête
nouvelle
artificielle
fantastique
magique
étreint
l'âme
nouvelle
des
hommes
des
femmes
des
enfants
des
nourrissons
des
évêques
des
parlementaires
des
conducteurs de bus
des
éboueurs
des
marins
des
peintres en bâtiments
des
gardiens de prison
des
présidents
des
ministres
des
joueurs de criquet
des
nageurs olympiques
des
transporteurs d'agrûmes
des
médecins
des
diplomates
des
bons
comme
des
mêchants
des
assassins
et
des saints
des
femmes enceintes
et
des violeurs
des
juges
et
des joueurs de football
des
beaux
des
laids
des
mangeurs
d'escargot
et
des pêcheurs de thon
des
marins pêcheurs
et
des vendangeurs
des
chanteurs de bluzz
et
des réparateur de chaussures
même
si il sont
de
moins
en
moins
nombreux
car
notre
société
qui
pratique
l'obsolescence
à
appris
a
construire
ses
profits
sur
le dos
du
consommateur
et
de la nature.Elle a
appris
le recyclage
Les
inondations
les
catastrophes
naturelles
les
guerres
rien
ni fait
nous
avançons
entourés
par
un
vaste
programme
d'écran
blancs
artificiels
toutes
ces
nouvelles
inventions
créent
par l'homme
font
partie
sans
doute
d'un
plan
conçu
par
le
Ciel
qui
tisse
dans son
immensité
les
heures
ou
la
fin annoncée
de
l'espèce
dont
nous
avons
hérité
avec
elle
tous
nos
préjugés
tous
nos
plaisirs
toutes
nos
joies
disparaîtront
le
jour
ou
le
ciel
décideras
de
nous
expulser
de
la
belle
terre
bleue
ou
elle
nous
a logé.
Demain
comme
aujourd'hui
est
un jour de joie
pourquoi
forcé
la mine
réjouissons
nous
de
vivre
dans
l'instant.
Il
n'y a
pas
d'autre solution
Il
n'y a
rien
de plus
beau
que
la beauté
des
choses
même
la
laideur
pris
dans
l'instant.
Nous
sommes
bercés
par
la même
franche
éternité
à
quoi
bon
nous
rebeller
contre
l'absolue
destinée
l'absolue
destinée
est
planté
dans
nos vies
elle
rayonne
dans nos coeurs
dans
les feuilles des arbres
dans
les cailloux
les
graviers
les
galets
les
fleurs
les
arbres
dans
les
extrêmes ordinateurs
dans
les milliards
d'espèces
qui
s'agitent
silencieuces
minuscules
à
travers
la
terre
sous
la terre
dans
les océans
et
dans
les
airs
sur
notre planète
et
ailleurs
sur
d'autres
planétes
lointaines
que
nous
ne
connaissons
pas
et
que nous
connaîtrons
ou
pas
demain
Peu
importe
vivons
ici
là
maintenant
avec
joie
et
serennité
dans
l'extase
et
l'ivresse
d'être
là
dans
l'instant.
Comme
le dit
mon
frère
Walt
Whitman
Ce
que je livre à l'instant
ce
sont mes confidences,
Peut
être pas destinées à tout le monde
mais
à vous,si.
Tout
ce que je marque comme mien
contremarquez
le vôtre,
Sinon
vous perdrez votre temps à m'écouter.
UNE
ORANGE
Une
orange
resplendit
dans
l'herbe
Je
l'ai posé
tout
à l'heure
à
côté de ma veste
et
à côté du livre de
Whitman
J'ai
choisi de m'appuyer
contre
un vieil arbre
légèrement
exposé
au soleil
Les
ronronnements réguliers
d'un
avions dans le ciel
la
mouche
avec
ses ailes de nâcre
qui
se pavane
sur
la page 83
des
chansons de moi même
du
poète américain
Les
enfants qui crient
et
parlent fort
dans
le parc
à
ma gauche
j'aime
leur
grande
liberté
ils
ne me voient pas
ils
jouent
ils
ont des maillots
de
différentes
couleurs
du
bleu
de
l'orange
et
du noir
Ils
jouent au foot
avec
un moniteur
La
balle jaillit
et
rebondit
La
rangée de pins
s'aligne
à l'horizon
un
chemin traverse les prés
des
bois feuillus
occupent
le fond du parc
j'aperçois
des maisons
alignées
à ma droite
comme
si c'était des rangées
de
chaises dans un bal
A
cette heure ou j'écris
ma
moitié
la
femme
que
le ciel
à
mit dans mon coeur
doit
être arrivée
à
Rome
descendu
du bel avions blanc
elle
aura oublié ses soucis
et
moi qui
regarde
l'orange
qui
repose
dans
l'herbe
je
vois les champs
de
marguerites et le vaste parc
qui
reluit
je
vois aussi
tous
les gens
que
j'aime
ceux
qui traversent ma mémoire
ceux
qui sont parti en voyage
ceux
qui dorment
ceux
qui s'ennuient
ceux
qui se chamaillent
Je
vois
les
races confondues
qui
forment un vaste poème
dans
les mains de Whitman
qui
sait si bien
chanter
l'amour
des
hommes
Le
ciel bleu est parsemé de nuages blancs
je
ne cherche pas à inventer
une
nouvelle facette
de
ma vie
je
me contente d'écrire
un
poème
sous
l'arbre majestueux
ou
il y a peu
je
venais
m'appuyer
pour
méditer
dans
la position
des
bonzes
ou
dans celle des moines
qui
vivent
au
dessus des sommets
de
l'Himalaya
Ma
nouvelle religion
c'est
la poésie
Je
ne cherche pas autre chose.
Une
fourmi s'est jeté
sur
le carnet
ou
j'écris
j'évite
de l'écraser
Le
monde
est
si vaste
et
si petit
pour
elle
qui
ne voit pas
que
j'écris
Petit
pour moi
qui
écrit
mais
vaste par dessus tout
Vaste
dans mon coeur
qui
étreint
du
regard
l'orange
la
mouche
l'herbe
les
prés
les
poèmes de Whitman
les
nuages dans le ciel
les
feuilles des arbres
« je
suis un amoureux
de
tout ce qui croit
à
l'air libre ».
Comme
mon maître
de
l'instant.
Le
poète américain.
L'ORQUE
Ce
matin
sur
la terrasse
parmi
les plantes
j'ai
écris sur la chaise blanche
que
j'avais seulement peint
hier
alors que j'étais seul
j'ai
écris sans savoir
qui
écrivais
moi
ou
lui
moi
ou le poète
qui
m'étreint
moi
ou le poète
qui
me suit
lui
Whitman
que
je venais de lire
dans
l'espace creux
des
toilettes
comme
un
ouvrier
clandestin
de
la lecture
moi
j'écrivais
sans
savoir
d'oû
me
venais
ce
poème
qui
brillait
violent
sauvage
et
nu
sur
l'océan
L'ORQUE
Renoncer
à la peine
renoncer
au pessimisme
je
m'exerce à la joie
et
dans la joie
sur
le continent glacé
de
mon âme
j'aperçois
qui luit
un
immense Orque
Je
saute d'une lame
de
bleu à l'autre
et
dans sa geule
en
proie à la faim
comme
lui je
saisis
avec lui
le
frêle bébé otari
qui
jouait
dans
le ressac
et
dans sa geule
dans
ma gueule
je
l'avale
telle
ma peine
mon
devoir
mon
incroyable pessimisme
je
tente d'arracher
à
ma joie
les
superbes
crocs
qui
arrachérent
la
peau
du
nourisson
Tel
un diable
je
cours
sur
la faîte des vagues
plus
vite que le flux
et
le reflux des vagues
le
ressac
Je
cours pour échapper
à
moi
à
ma mort
d'homme
pessimiste
Je
cours comme sur l'infini
l'infini
de mon moi
l'infini
du moi innocent
l'infini
des vagues
je
cours
pour
échapper
à
ma peine
Et
le soleil
qui
m'éblouit
à
l'horizon
à
l'horizon des vagues
gerbe
magistral
sur
l'océan en furie
l'océan
qui cogne
contre
le sol
Sol
de sable
où
gît mon pessimisme
Je
cours et me jette
contre
moi
pour
échapper
à
ma peine
mon
petit moi
à
mon orgueil
à
ma pitié
à
mon petit souffle
d'homme
mesquin
Je
tente comme l'Orque
de
conduire à la vague
la
foule
qui
me suit
dans
le poème
de
l'océan
Je
regarde le soleil
à
l'horizon
le
soleil
qui
transperce l'océan
Je
suis ivre
et
plein d'espoir
Celui
qui écrit
à
travers moi
c'est
l'océan déchainé
C'est
l'écume
qui
s'agîte
à
la crête des vagues
C'est
en moi
en
plus grand
en
plus fort
c'est
moi
en
poète Whitmanien
bercé
par la continuité des flots
qui
sébrouent dans une rue
de
Manhatam
Je
suis à longueur de journée
la
houle froide
qui
déverse son flux
sur
les marches
d'une
église
ou
d'un temple
où
j'ai déjà vécu
car
cette vie n'est pas
la
première
où
j'ai déjà vécu
J'ai
vécu hier
attaché
à une roche
dans
un ciel perdu
flamboyant
je
tentais de me délivrer
Je
voulais me hisser
au
sommet
des
nuages
éclatant
dorés
remplit
de la lumière de Dieu
Mais
Dieu qui ne voulait pas
me
regarder en face
s'était
épris
d'une
autre âme que la mienne
Il
souriait sur le replet des vagues
et
un Orgue
Moi
noir
et blanc
m'avalait
en chantant
Dieu
me dit alors
en
chantant
Regarde
homme de poésie
tu
seras un prophéte
pour
la race
des
hommes
Si
tu désir
t'abandonner!
Abandonnes
toi A MOI
jettes
tes scrupules
jettes
toi à la merci des flots!
comme
l'Orque puissant
Arrache
à la terre
la
proie nécessaire
à
ta survie POETE
Arrache
le coeur
de
la douce victime
compatissante
car
la mer
qui
brille
n'achète
le silence
de
personne
Elle
brille
pour
les temps
infinis
et
transporte ta joie
dans
le replet des vagues
De
même
regarde
mourir l'innocent
avec
la pure joie des saints
abandonne
ta pitié
à
celui qui gémit
et
chante en rêve
les
poèmes vertigineux
de
ta propre joie de vivre
Ensuite
reviens
l'âme
libérée
par
le seul fait
d'aimer
comme
la roche
frappe
le gallet
comme
le gallet
frappe
la roche
frappe
la vague,
frappe
le gallet
Reviens
libéré
comme
la vague déchaînée
qui
s'aplatit sur le sable
reviens
moi dans la joie
sans
pleurer
pur
humilié
comme
un grand prédateur
qui
n'a déclat
que
dans les rêves du très grand océan
Reviens
et
poses ta tête
sur
le faît de la vague
caresse
la tête
du
nourisson
du
bébé phoque
Demandes
lui ton pardon
Caresse
sa nuque
et
donne lui
le
baiser des amants
celui
du ciel et de la terre
unis
comme deux mêmes mains
unis
comme deux ombres séparées
un
court instant
par
le flux des pensées
Aimes
toujours
dans
le replet et le creuset
des
vagues
comme
un Orque puissant
qui
nage solitaire
dans
le creuset
vertigineux
et sublime des océans.
QUE
SERAIS MA VIE?
Le
tic tac de l'horloge
l'eau
qui frémit
le
temps si majestueux
qui
s'écoule
sur
la table en bois
ou
j'écris
Je
vois ma vie infime
qui
se déroule
comme
un rouleau
sur
lequel
je
viendraient
s'inscrirent
mes
tourments
mes
joies
mes
bonheurs
mes
tristesses
A
cette heure
je
ne sais ce
que
ma vie encore
me
donne
Je
suis triste
d'avoir
abandonné
certaines
de
mes vies passées
pour
me consacrer
à
la folie meurtrière
de
l'art
Mais
pouvais je
faire
autrement
pouvais
je faire autrement
que
de m'échapper
des
villes
des
montagnes
des
océans
des
bois
des
usines
ou
j'avais placé
ma
vie
Pour
survivre
aurais
je encore
à
coeur de me plaindre
lorsque
regardant
la
belle pente blanche
des
montagnes à pics
qui
resplendissent
dans
un azur sans tâches
Aurais
je encore
à
coeur
de
me plaindre
lorsque
je regarde éblouissante
l'eau
des rivières
qui
s'ébouriffent
dans
les sous bois de mon enfance
Lorsque
je regarde le soleil face à moi
Lorsque
j'hume l'air éternel
lorsque
je contemple le sein enbaumé
d'une
jeune amante
Lorsque
je cours
à
travers bois
à
travers champs
pour
aller cueillir
la
néfle
les
champignons
le
dard minuscule d'une abeille
Aurais
je encore à coeur de me plaindre
lorsque
descendant de l'arbre
pour
aller cueillir
les
minuscules brindilles d'herbes
qui
se cachent
sous
les mottes de terre
qui
escaladent les immenses étendues
du
désert
Aurais
je encore à me plaindre
lorsque
basculant au volant de mon
hydravion
j'en
viendrai à piquer
sur
le grand lac de glace
qui
recouvre cette partie du lieu
ou
j'ai résidé dans une autre vie
Devrais
je regretter les baisers donnés
à
cette fille qui m'avait emprisonné l'âme
avec
son corps de vierge et ses bras de diamant
Devrais
je regretter d'avoir si peu
contribué
au succés de mes défaites
assis
sur un siége de mousse pourrie
à
attendre que la gloire me saisisse
et
me scarifie
Devrais
je regretter
le
temps ou je chantais les louanges
des
révolutionnaires
assis
sur un tas de coton
dans
le champs d'émotions mécaniques
de
mon adolescence
Devrais
je me plaindre
des
sermons
des
ennuis
des
bravades
des
immondicités étendues sur les urinoirs scintillants
dans
l'éclat blanc de mes nuits insolentes
passées
dans un lieu de torturante labeur
Devrais
je regretter de n'avoir pas basier
le
ciel
et
l'enfer
à
côté de celui qui ma engendré
dans
sa patrie de cèdre
le
poète lointain dont j'entends encore parler
à
cause de son accent méditerranéen
Devrais
je m'enfuir à tout jamais
repartir
pour un nouveau pays
regretter
l'ancien à genoux
sur
de vieux continents
debout
sur des nuages qui brillent au firmament
Devrais
je venir me plaindre à Dieu
d'avoir
raté le train de six heure moins le quart
d'avoir
raté mon certificat d'études primaires
d'avoir
raté ma vie d'artiste errant
D'avoir
mal arrimé le bouton
de
ma tunique de grand
poète
vagabond
D'avoir
mal enregistré mes pas
sur
le régistre de la montagne
ou
on inscrit chaque année
le
nombre des malades
qui
sont victimes
du
syndrôme
de
la grippe avière
Devrais
je me plaindre
de
ne pas serrer dans mes poings
le
soleil vertical
le
rythme altruiste
des
messes matinales
qu'on
vénère
dans
le grand feu
de
graal
gisant
au plus profond
des
profondeurs
du
ciel
Devrais
je mettre à rire
lorsque
j'aperçois
le mal qui s'élance
du
haut du phare
ou
les vagues blanches déchaînées
viennent
heurter la vitre épaisse
qui
protége l'horloge du phare
Devrais
je m'assoeir
dans
le nid du faucon
pour
enfanter un aigle
qui
n'aurait pas
le
regard puissant
de
l'aigle immortel
Devrais
je venir
vêtu
comme un bonze
ou
nu comme Diogéne
pour
réciter
les
rythmes
des
immensités planes
qui
surveillent le ciel
de
leurs bras dénudés
comme
celui des vierges
que
j'ai aimé dans l'eau claire
de
mes jeunes années
Devrais
je m'aliter
sous
prétexte
que
les ombres
qui
se détachent du ciel
hurlent
leur malheur
en
lettre d'argent pur
Ma
peine s'inscrit en grand
sur
le missel
de
la rive
qui
suit
le
grand canal nucléaire
ou
les astres s'ébrouent
Sur
le faît des arbres
qui
s'élancent
dans
les bras
de
mes anciennes vies
je
découpe
jour
après jour
les
pages
qui
ont dessinées
ma
destinée
et
je regarde le ciel
qui
vibre majestueux
digne
plein
de bonté virginale
Même
si je déploie dans mon coeur
un
grand train d'amertume
je
sais pertinenment
que
si je déplace
de
deux petits centimétres
le
comptoir de luxe
ou
je l'ai laissée s'égarer
un
éclat de soleil neuf
surviendra
bientôt
car
j'ai déjà remarqué
que
les accents d'amertume
de
mon moi égotiste
se
transforment rapidement
en
cris de bonheur infimes
en
joies admirables
en
feux de rêves
en
immensité de rires
en
prostenations infinies
devant
l'idole de ma vie
devant
le cercle d'intimité
qui
arrose mes pensées
lorsque
j'essaye
de
définir
en
mon âme et conscience
ce
que serait le nombre d'or
si
j'appuyais
sur
la gâchette de l'arme
qui
respendit dans les nuages
au
dessus du ciel bleu
et
des astres invisibles
ce
que serait ma vie
si
je daignais l'abandonner
une
bonne foi pour toute
à
celui qui la crée
au
principe qui la domine
depuis
les temps
ou
l'homme ancien
avait
marqué les plaines
de
son pas de lumière
Que
serait ma vie
si
je l'abandonnais
verticale
ou
horizontale
dans
les mains bénies de Dieu
Que
serais ma vie
Si
je vous l'abandonnais ici
en
la plaçant à travers mots
dans
un cercle de poèmes
qui
coureraient plus vite
que
la vague de l'océan
ou
que l'antilope
Que
serait ma vie
si
je l'abandonnais
aux
mains des brigands
qui
hantent
les
cités merveilleuses
qui
s'étalent
dans
mes rêves
de
poète ambitieux
Que
serais ma vie
si
je l'allongeais
nue
de nuit
au
côté d'une femme en or
ou
en soie
au
corps de miel
et
d'encens
Que
serait ma vie
si
la recouvrant un soir
d'une
couche de cendres
comme
un volcan
qui
serait
à
peine
sorti
de
son sommeil
Qui
serais ce moi prétentieux
ce
moi à moi
ce
moi impénitent
si
m'éteignant comme on éteint une lampe
Si
je restais assis
sur
une table de bois
à
écrire un poème
aux
rythmiques aussi magistrales
que
celles de l'océan.
inprobable
FIL
DE SOIE
Crier
ma joie
n'être
qu'un fil de soie
qui
parcour le vent
à
la recherche
de
vent
de
brume
d'air
de
pluie
Ma
vie
serait
lestée
par
les brumes
par
la pluie
par
les vents
ma
vie serait
aussi
leste et
pur
aussi
claire
aussi
ardente
lumineuse
luxueuse
que
celle
d'in improbable
fil
de soie
SOUS
LE SOLEIL
Bien
plus seul
que
si j'étais une ombre
je
parcours en silence
les
parois
d'une
digue
où
s'amoncellent
des
eaux
aussi
clair
que
le jour
Je
vois
dedans
qui
se mirent
toutes
sortes d'espèces
des
plus étranges
aux
plus familières
je
les vois se répandre
dans
le magnifique paysage de mon esprit
Seul
je suis à l'attente
d'une
clarté
d'un
éblouissement
j'attends
qu'une lune nouvelle
plonge
dans le ciel
et
qu'elle m'annonce
le
premier jour de liberté
que
j'aurai gagné
grâce
à l'humilité de mon esprit
Je
nage perdu
dans
les espaces d'un grand songe moderne
que
j'aurais fait dans une autre vie
Venu
ici pour le réaliser,je m'aperçois
que
j'ai les mains liées par un serment
que
j'avais fait dans ma jeunesse
de
ne jamais brûler le corps
de
la beauté
croyant
à cette époque
qu'elle
était seule à délivrer la vérité
Je
n'avais pas vu que dans les vices
les
âffres la laideur et les formidables
mensonges
de l'humanité
se
tenait aussi debout admirable une large part de vérité
Nu
dans les sables recherchant à animer le corps pétrifié
de
mes années solitaires
Je
regarde s'écouler les larmes d'une étrange divinité
celle
en qui j'ai cru dans ma jeunesse
Celle
de la gloire,de la beauté
et
des fièvres sublimes.
Je
suis aujourd'hui certain d'être arrivé à chanter
bien
mieux la nuit que hier car j'ai appris l'humilité
Mais
le soleil qui darde ses éclats
à
travers la dentelle blanche des nuages
me
hisse toujours bien plus haut dans l'espace des désirs
Je
cherche encore à ce jour
à
m'étendre sur le lit de la mariée
pour
lui voler sa virginité
Je
songe encore à ce jour
à
jeter l'ancre de mon vaisseau
dans
une baie
encore
plus agitée que par le passé
car
j'ai appris à aimer
les
vents ardents
et
le goût amère de mes blessures
J'ai
appris que la défaite
était
aussi une grande victoire.
LE
SOLEIL
Ne
suis aimé que par les fous
les
excentriques
les
indifférents
par
ceux qui passent devant mes oeuvres
emportés
par le besoin involontaire
de
m'assiéger
de
leur sourire
de
leur bonne foi
de
leur belle amitié
Je
passe pourtant mon temps
depuis
quelques mois
à
m'enrhumer sur les marchés
La
belle entreprise de possession
qui
m'avait envouté
il
y a quelques années
lorsqu'encore
neuf
je
parcourais ces marchés
en
pleine possession
de
toute ma vitalité
cette
belle entreprise
à
cessée de fonctionner
Je
suis devenu
un
radis rance
je
n'ai plus avec moi que les
fous
amoureux
les
violents
les
indifférents
je
n'ai plus avec moi
les
tigres et les bisons
seuls
les singes capricieux me regardent
ils
ne prennent rien
ils
me pillent tout simplement
et
moi j'attends anxieux indifférentsqu'ils s'arrêtent
qu'ils
s'arrêtent de manger la bouche pleine de larmes
le
produit de mes entrailles
Je
cherche
quand
le soleil qui luit remonte à la surface
de
mon cerveau
à
deviner quelle sera ma vie
dans
quelques années
mais
j'ai du mal à l'imaginer
tant
les temps se sont rétrécis
J'ai
beau imaginer
que
je pourrais demain élargir mon horizon
c'est
à peine si je peu imaginer
ma
vie dans cinquante ans
A
cette date
je
serai devenu cendres
je
peu encore imaginer ma vie
dans
trois ans,mais dans dix ans j'ai du mal
Je
ne cherche pas à me dédouaner
Je
voudrais être moins pâle
retrouver
des couleurs
monter
au grand mât de la célébrité
Tout
va venant
les
temps ont changés
Je
sais que je n'ai d'autre alternative
à
présent
que
de marcher sur des étangs
remplis
de sauge
et
de blanche sciure d'azur
Le
vent qui frappe
ma
toiture
ne
me ramène pas à de meilleurs sentiments
Je
suis désolé de regarder ma vie avec une telle lenteur
car
j'aimerais lui donner plus d'élan
Je
dois faire avec la poussière
qui
s'est déposée
sur
le haut de mon âme
Cette
poussière d'or et de rêves
ne
me permet pas
d'affronter
la vieillesseavec la même arrogance
qu'hier
Je
suis devenu plus timide
Les
rayons du jour qui défilent devant mes yeux
m'éblouissent
davantage
Je
recherche à présent
à
m'étendre sur l'eau
plutôt
qu'à nager avec elle
Mon
corps est fait de fibres transparentes
qui
remontent à la surface de la cage
lumineuse
qui mes sert toujours de corps
Demain
je
serais plus digne
si
j'acceptais de me jeter dans le vide
munis
d'une grande perche
pour
mesurer l'espace qui me reste à vivre
dans
la bonté et dans la joie
Demain
peut être je resterai assis devant une grande fenêtre
pour
contempler l'espace qui me reste
à
conquérir
avant
de m'échapper de la beauté terrible
qui
s'accroche à mes lèvres
lorsque
je prononce le nom
de
la plus jeune de mes fiancées
Elle
s'appelle ivresse et joie
elle
n'a que dix huit ans
elle
est faite
de
légèreté
elle
pose nue
à
travers les rayons du soleil
elle
dort sur le côté
en
chien de chasse
dans
un bordel de luxe
elle
s'appelle fève
comme
le nom de la féve
qu'on
trouve
dans
les gâteaux des rois
Elle
est vierge
et
n'épousera jamais un roi mais un robin des bois
Elle
est assise derrière un grand miroir teinté
pour
qu'on ne la voit pas
Elle
est resplendissante de volonté
son
corps est plus ardent
que
la chair des étoiles qui filent
à
travers les brumes matinales
de
la steppe moderne
Elle
est sage et me bouleverse souvent
A
travers son oeil clair
Je
peu lire le passé et le futur
Je
me marierai un jour avec elle
lorsqu'elle
sera en état de m'aimer
Aujourd'hui
elle
me regarde seulement
avec
admiration
Cela
ne permet pas
d'envisager
avec elle
une
union plus solide
J'ai
besoin d'être aimé pas seulement
d'être
admiré
Elle
le sait
elle
me regarde éblouie
par
le long file de rêve
qui
pend à mon manteau
elle
croit peut être que dans dix ans
j'aurais
encore la force
de
lui faire un enfant
elle
est naive
elle
se trompe
dans
dix ans
je
serai juste bon
à
donner à manger aux cochons
Elle
ne me vois
qu'en
artiste héroique
elle
ne sait pas combien
je
suis désespéré
elle
ignore l'ivresse
que
j'ai à la suivre
lorsqu'elle
se baigne nue
dans
les lacs silencieux
qui
bordent
les
clairières de la steppe
ou
elle a installé son lit
Elle
a planté sa tente
près
d'un rocher qui absorbe
la
chaleur du soleil
et
lorsque je viens
pour
m'appuyer
sur
son épaule
elle
rit aux éclats
et
dans un sursaut
elle
m'enlace
puis
jette
sur
ma bouche
un
baiser de feu
Elle
rêve
que
je suis son amant
et
que je l'emmène
courir
à travers le cîmes
des
précipices pasionnés
qui
traversent son cerveau
Elle
ne se doute pas
que
je suis un héros fatigué
Mon
âme brûle encore des
feux
de la passion
mais
mon corps est faible
et
j'ai horreur de marcher
sur
un fil
sans
pouvoir contempler
les
paysages autour
Je
voudrais seulement
qu'on
me laisse baiser
la
rosée qui s'est déposée
sur
le fil de soie
qui
pend à ses cheveux
Je
suis resté un peu demeuré
j'aime
les grandes histoires d'amour
Je
l'aime en silence
elle
est la fée joyeuse
la
fée morgane
que
j'ai toujours
rêvé
d'avoir à mes côtés.
LA
JEUNESSE
Naguère
dans
les espaces satinés
par
les visages de mes amantes
j'avais
cru entrevoir
sur
le ciel bleu
les
vestiges d'une cité irradiante
En
marchant sur ses sommets
j'apercevais
les milliers
de
particules d'or
qui
brillaient
sur
les murs
de
cette cité enfouie
dans
le sépulcre de mes rêves
Je
croyais à l'âge
de
trente ans
que
les mystéres divins
m'étaient
accessibles
Après
quelques temps
j'ai
compris
qu'un
simple effet
de
miroir
me
renvoyait cette perception
La
cité mélodieuse et fantastique
que
j'avais entrevue
dans
l'appareil de mes rêves
n'était
pas plus légitime
qu'un
mirage
Elle
séparait des territoires
immenses
tenus
fermement en main
par
un Dieu solitaire qui n'aimait
que
les pirates
Mes
jeunes années
je
les passaient
assis
sur le flanc des montagnes dorées par le soleil
je
n'imaginais pas les folies
que
pouvait secréter de telles apparitions
Emporté
dans les airs
par
un ange majestueux
dont
les ailes brillaient
sous
la pluie
Je
ne pensais pas
que
j'aurais autant de mal
à
gagner mon paradis
Je
ne pensais pas
qu'un
jour
je
devrais gagner ma vie
sur
les marchés
comme
un mendiant
qui
vend son art à des aveugles
Je
ne pensais pas
que
j'aurais un fils métissé
Je
ne pensais pas
que
j'écrirais de vastes poèmes Whitmaniens
Je
ne pensais pas que le ciel si vaste
pourrait
un jour contenir ma dépouille
La
jeunesse héroique
ne
croit pas à l'avenir
elle
ne vit qu'au présent
et
c'est sa force
Elle
s'agite en agitant les bras dans l'azur
plonge
son regard dans les fossées
les
plus sordides
sans
jamais défaillir
Elle
croît en son immortalité
elle
a raison d'y croire
car
la jeunesse en effet est immortelle
Elle
vole à travers le temps
et
survole les tempêtes
comme
un corsaire habitué
à
affronter les mers
Elle
a le coeur ouvert sur les plaines de l'amour
elle
caresse des désirs
s'allonge
avec délectation
sur
les vagues de l'océan
qui
se déploient à l'horizon sans fin
Libre
de flâner
elle
regarde les flots de l'éternité
avec
l'oeil des grands fauves les plus ardents
La
jeunesse est à moi
elle
glisse sur ma peau
comme
une anguille
qui
resplendit dans les eaux sombres
de
l'étang
Elle
respire doucement en moi
et
j'aperçois sous sa peau
le
grain d'un frisson
la
forme élancée d'un galbe
qui
hante mon imagination
Son
souffle traverse la vague et la brume
Il
s'élance sur le ventre allongé de l'amante
il
plonge dans la sueur
se
défaît et serpente
dans
la gorge
de
la jeune fille
qui
rit à gorge déployée
Elle
rit
et
moi j'admire
la
forme élancée de son corps
et
moi j'admire
son
éternelle jeunesse
Elle
ne voit que moi
elle
me sourit
elle
m'aime
elle
me colle à la peau
Je
l'aime
elle
me colle au cerveau
Tout
blanc
tout
nuit
je
suis à elle
elle
est à moi
je
l'aime
elle
me sidére
elle
m'aime
elle
me jette
à
la mer
comme
une bouteille
gisant
des flots
surgissants
Elle
me colle et m'asperge
de
son air tropical
de
sa lenteur de vierge
elle
me saôule
de
son sourire d'abisses
de
ses mains
elle
fait jaillir des éponges
qui
s'inscrustent sous ma peau
d'homme
indifférent aux coups du sort
aux
effets du somnifére
que
les publicitaires de la lumière
m'ont
vendus
à
grand renfort de gestes éloquents
Des
paradis effrayants de gloire
Saoulé
par ma vanité
je
n'ai pas vu leur noirceur
C'est
pourquoi
dans
mon lointain souvenir
j'ai
dût coulé à pic
avec
eux.
Lé
14 mai 2013.
LE
SOURIRE DE WHITMAN
Le
sourire de Whitman
à
travers la buée
à
travers le reflet des lézards sur l'eau
le
sourire de Whitman
dans
la jeune amante prête à s'offrir
dans
le lac étoilé
dans
la rivière qui s'écoule
dans
le ciel d'astres dépourvus
dans
le canal
sur
la ligne de chemin de fer
dans
le noir
dans
le blanc
dans
le corps vêtu de ses plus beaux atouts
dans
la laideur du jour
sur
la barque qui chavire
dans
l'avion qui vole à une haute altitude
dans
l'oeil blessé du combattant
dans
les flancs des bêtes transpercées par l'imbécilité
des
hommes mes frères
tous
plus ou moins compromis
tous
plus ou moins des génies
tous
des copeaux qui sortent du rabot
sur
l'établit
tous
epuisés je le vois
par
le soucis de porter la destiné
d'être
un homme
en
face de soi
en
face du père
en
face de la mère
en
face du frère
de
la soeur
du
voisin
de
l'homme lointain
Tous
s'échinant pour trouver un sens à la vie
pour
trouver le trésor lointain des origines
pour
trouver du sens à l'oubli
pour
compter les nombres dépourvus de sens
pour
articuler convenablement
les
nouvelles arythmétiques de l'âme
pour
souscrire contre les intempéries
des
contrats bien solides
afin
de préserver l'héritage familial
Tous
hommes comme moi
ou
tous femmes
cherchent
tous à l'infini
le
sens du mot Amour
et
tous certainement
aiment
comme Whitman le grand poète blanc
circuler
dans l'espace avec la splendeur et la légéreté
des
grands prophétes
illuminés
par les clartés du ciel
Tous
assis sur des mondes inconnus
ils
inspectent le sens du rayonnement
émit
par les étoiles
et
ils pulvérisent sur leurs plantes
des
produits
qui
protégent des maladies
tandis
que dans le ciel
leurs
avions épandent
des
floppées de produits toxiques
qui
tuent
mouches
araignées
abeilles
fleurs
faune
et
même
les
bébés dans leur palais d'argent
à
peine ouverts aux angles
pour
les protéger
des
aboiements des fleuves
empoisonnés
qui coulent
dans
les veines des automates
engendrés
par les multinationales
Eux
tous
sont
mes fréres
je
les regardent du sommet d'une tige d'accacia
en
les frolant
pour
ne pas les blesser
car
je connais chez les hommes
la
partie du coeur qui est à préserver
Dans
les lignes du cahier ou j'écris
je
vois ici se glisser
des
mondes innattendus
Devant
le lac ou j'écris
je
regarde les images du monde
qui
emplissent ma mémoire
Je
tente de ne pas voir
que
le monde à côté de moi
est
plus merveilleux
que
ce que me dit
mon
ancienne mémoire
qui
voit des os partout
des
mondes ouvertement hostiles
des
mondes remplis de catalogues monstrueux
Je
sais
mais
je ne compte pas
les
froideurs qui me répugnent
je
ne compte pas
les
tourniquets
d'érosion
et d'abîme
qui
resplendissent dans le fond
des
continents hostiles
Depuis
longtemps dans ma tête
je
remonte des ardoises
couvertes
de signes blancs
des
inscriptions
Je
les remontent
du
fond d'un abîme ou j'ai vu l'esprit
d'un
jeune poète
se
jeter à moitié nu
dans
la nuit
pour
bâtir un temple solaire
C'était
un jour dans un pays bien loin
un
jour ou le jour
resplendissait
au
dessus des maussolés
construit
à la mémoire d'un Saint
qui
sauvait les oiseaux
d'une
mort certaine
il
les recueillaient
dans
un grand nid de cristal
et
de songes
afin
d'apprendre à voler
Peut
être ais je hérité d'une part de lui
car
dans les scintillements du matin
je
m'essaye parfois à voler
A
travers le cocon blanc de mes rêves
je
tente de percer
le
secret des amants
qui
se jettent dans le vide
après
avoir contemplé
le
grand corps du messie
celui
du Boudha
celui
d'Allal
ou
de Géova
celui
d'un joueur de vielle
ou
celui
d'un
joueur de tambour
celui
d'un artiste
d'un
diplomate
celui
d'un paralytique
celui
d'un bonze
ou
d'un cochon
celui
d'un tableau noir
sur
lequel sont inscrits
les
dernières missions à accomplir
celui
d'un oriflamme
celui
d'un noeud dans les cheveux
que
se font tard le soir
les
vieilles filles
avant
de plonger leur corps fade
dans
l'étau de leurs lits
Celui
des argumentaires
des
baratineurs
des
noyés
des
lanceurs de missiles
des
négres
des
incroyables menteurs
qui
parlent pour ne rien dire
celui
des orgueilleux
qui
s'enlacent à la vitrine
des
bijoutiers
pour
faire jouir
leur
compagne d'un soir
celui
des aviateurs de l'ancien temps
celui
des conducteurs de locomotive des anciens temps
celui
des pilotes d'avion aux commandes electroniques
celui
des capsules spatiales
celui
des éléphants
et
des bîches
celui
des louves
et
des bâtisseurs de cathédrales antiques puis modernes
Celui
des loups qui hurlent dans les cités lointaines
des
sociétés modernes
celui
des jeunes filles
qui
caressent leur chevelures
en
lisant des romans
d'amour
à l'eau de rose
Celui
des antiquaires qui vendent
des
objets dépareillés
celui
des jardiniers
qui
montent les marches
des
escaliers couverts de roses
celui
des poissons qui nagent
sur
le lac ou j'écris par devant
ce
poème de lumière
sous
le sourire bienveillant
de
Whitman.
LES
DEESSES
Les
déesses que l'aube emporte au firmament
s'allongent
sur le grand près qui luit
dans
la cour de l'espace océan
leur
corps de nâcre et d'ében
resplendit
sur les nuages
parmi
les foules
de
la société admirable
qui
s'épuise en vain
à
procurer des joies aux plus habiles
de
ses ouvriers
Leurs
seins sont d'énormes soupières
qui
transportent des rêves
leurs
pieds d'or et d'argent
forment
des énigmes
qu'il
faut déchiffrer
Quand
on caresse leurs lèvres
du
lait s'échappe de leurs bouches
Un
oeil averti decéle chez elles
des
embaumements
qui
font penser
à
des choses de l'antiquité
On
appui depuis peu
sur
leurs corps mystérieux
des
étuves de braises pour réchauffer
leurs
coeurs qui souvent restent glacés
en
dépis des mains célestes
qui
frappent leurs flancs
pour
faire briller les rêves
de
tous les hommes qui passent
Des
cascades érotiques
dévallent
de leurs souvenirs
Je
retrouve dans leurs rires
les
amantes de passage
que
j'ai rencontré hier
Les
déesses n'ont pas fini
de
m'arracher l'âme
Je
regarde derrière elles
suspendu
à leur hanches
des
fils de soie éclatant
les
mêmes que j'avais vu sur le sommet
d'une
vague en pleine mer
au
milieu de l'océan
Elles
essuient des revers au milieu des combats incessants
qu'elles
ménent pour survivre dans la société humaine
Les
déesses ont des corps absolu de beauté
Elles
respirent avec des pailles incrusté d'or et d'argent
Leurs
mains sont des monticules sur lesquels les humains
viennent
s'assoeir pour prier
Leur
bouche est un océan
leurs
pieds un univers qui fait jaillir des astres
dans
le ciel que nous regardons
chaque
matin en nous brossant les dents
Leurs
jeux sont admirables et sont comme des planétes
qui
gîtent dans la mer des désirs
Elles
ont des corps de rêve
mais
ne s'en servent que pour dormir
Elles
font l'amour à des ours blanc
sur
des banquises imaginaires
Leurs
ailes
car
elles ont des ailes
sont
aussi blanches que l'antartique
Elles
s'envolent au matin
après
une nuit passée chez des amis
à
rechercher en vain
les
nuages de l'amour
Elles
prient Dieu dans des espaces vide
Leur
beauté est telle qu'elle atteint des immeubles haut
de
plusieurs kilométres
Leurs
enfants quand elles en ont
sont
des brises glace qui chantent sous les mers
des
airs de la folie qui nous saisit
lorsque
nous les regardons sans nous douter
qu'elles
sont des êtres intemporels
exceptionnels
éternels
des
êtres innaccessibles
Les
déesses
Les
déesses
montent
au ciel
dans
des chars célestes
des
chars de brume
elles
épandent des parfums
sur
les cîmes qui traversent nos
petites
vies humaines
Les
déesses rêvent
qu'elles
raménent les hommes à la maison
pour
leur négocier le prix d'un paquet de tabac
car
les déesses fument des cigarettes roulées
à
la main
Avec
leurs mains
elles
roulent des vies
comme
on roule en chantant des airs de fièvre et d'astre
Les
déesses sont des veuves qu'on a recruté
pour
dessiner sur un temple doré des sculptures monumentales
qui
sont de majestueuses maisons
empilées
sur le destin des hommes
Les
déesses sont en tissu et files de rêve
elles
sont si fragiles
que
nous tombons des nues
lorsque
nous imaginons
qu'elles
pourraient
plonger
leurs mains
dans
la forme ingénue du temps
pour
en pêtrir les mondes
qui
sont suspendus
à
leurs longues robe de soie
couleur
de rose.
MON
ENFANCE
Poème
à écarter.
Je
ne sais pourquoi
mais
à lire Whitman ce matin
toute
mon enfance me revient
Je
revois les ruisseaux qui jaillissent
de
sous les vieux pins
je
respire l'air des conniféres et des mousses
joyeuses
étalées sur le bords des lacs éblouissants
je
revoie mon père qui tire sur une corde
pour
faire glisser un arbre qu'il vient d'abattre
Bûcheron
il était
contremaitre
aussi il était
il
était aussi pêcheur de truites sauvages
chasseur
de mouches aux longues pattes
il
roulait ses cigarettes avec du tabac bleu
il
avait une casquette
jouait
aux quilles
lançait
la boule avec force
sur
la terre
en
haut là haut
sur
la montagne
près
de la chaume
au
mont du vertige
au
mont sauvage
là
ou nous promenions
en
famille pour respirer
l'air
des hauteurs
Là
haut face
a
l'herbe rase du sommet
on
voyais luire les alpes
on
apercevais dans les brumes
à
travers les nuages
une
partie des plaines l'Alsace
au
loin briller une partie de la suisse
Mon
père souvent chantait
il
chantait
car
il aimait la vie
il
chantait
à
gorge déployée
surtout
lorsqu'il avait un coup
dans
l'aile
c'était
un remarquable chanteur
l'un
de ses fréres l'accompagnait
il
s'appelait Robert
c'était
un vrai génie
un
chanteur accompli
un
admirateur
de
Rossi le grand chanteur Corse
ils
chantaient ensemble
les
chansons populaires
tandis
que ma mère s'inquiétait
faisait
les gros yeux
le
grondait l'astiquait le réprimandait
car
il avait trop bu
parce
qu'il parlait trop
parce
qu'il était trop provocant
ou
trop gaie
sans
l'écouter
il
continuait
chantait
plaisantait
racontait
des histoires
impertinentes
qui
dénigraient les curés
la
religion
les
moralistes
et
tous les cocus
il
était aussi un grand joueur de billard
sans
doute le meilleur sur la terre
Perché
sur sa mobylette bleu azur
il
traversait les rues du village
pour
aller à la pêche
aux
champignons aux bois
à
la recherche des grenouilles
Il
était persuadé d'être
le
meilleur conducteur
de
motocyclette
de
toute la terre
il
parlait souvent de ses exploits
pendant
la guerre
nous
amenait très loin
toujours
au même endroit
au
coeur de ses héroiques et sublimes combats à répétition
parmi
les embuscades et les morts
parmi
les balles qui sifflaient
et
les corps qui puaient
Ma
mère le surveillait
c'était
un bon vivant
un
jouisseur
un
buveur de flammes
ma
mère surveillait les comptes
les
dépenses
les
devoirs de ses enfants
leurs
relations lorsqu'ils furent plus grands
la
propreté de leur tenue
c'était
une maîtresse ménagère
une
femme digne aimante
et
généreuse
elle
lisait écrivait mieux
que
mon père
réfléchissait
plus vite
était
plus sévère que lui
mais
aussi plus
vulnérable
elle
avait des insomnies
prenait
des cachets pour dormir
car
elle ne dormait pas assez
éternellement
terrasée
par
tous les soucis quotidiens
qu'elle
devait appréhender
dans
la coque vide d'extase
où
se déroulait le film éblouissant
des
journées de mon enfance
Ma
mère et mon père
fermaient
la fenêtre de la cuisine
quand
le bruit de la rivière
devenait
trop dur a supporter
surtout
au printemps
quand
les eaux
prisonnières
de l'hiver
déferlaient
à travers les près
le
long des routes et des
forêts
moi
j'adorais le son violent des eaux tumultueuses
déchainées
qui glissaient à travers les berges en granit gris
qui
leur barrait la route
j'aimais
l'éclat des vagues les tourbillons et la
lumière
que jetait sous les vannes en pierre taillées
le
flot des eaux capricieuses
L'éclat
des vagues étincellantes
laissait
parfois voir
dans
un flan d'eau
au
milieu des bouillons de vapeur
le
luisant des truites
elles
scintillaient et sautaient
sous
les vannes
elles
tentaient d'escalader
la
pente des eaux
L'eau
en cette saison
aspergeait
nos cerveaux
et
nos âme
Tout
éblouit
par
ces allez et venue
de
la monté presque céleste des eaux d'hiver
nous
respirions
à
plein poumons
les
parfums du ciel
en
priant Dieu ou le diable
de
nous laisser vivre encore une vie entière
en
harmonie avec le graal de la nature
Nos
cerveaux éblouit
mâchaient
de la coca
pourtant
nous n'étions pas en Amérique du sud
mais
dans une une partie de la terre
située
à l'endroit
où
mon père se rasait tout les matin devant une glace
éclairée
par un néon blanc
Le
regardant faire tous les matins
je
me demandais quand je pourrais moi aussi
utiliser
un rasoir avec une lame aussi
luisante
qu'un cimeterre
Je
me demandais
si
je pourrais moi aussi un jour
passer
mon temps en rentrant du travail
à
écouter les informations à la radio
assis
sur une chaise
à
savourer les chansons populaires
à
rechercher des airs inédits sur les ondes étrangères
Je
me demandais
si
moi aussi
je
pourrais passer mes journées avec une telle simplicité héroique
infantile
et stupide
Aller
cueillir des cépes
couper
du bois
aller
à la pêche
jardiner
planter
des haricots
néttoyer
la cage des lapins
aller
lancer les boules de bois
contre
les quilles
m'exclamer
rire
crier
me
battre les côtes lorsque j'aurai fait mouche
arpenter
la montagnes entre deux coup de blues
Je
me demandais
si
un jour je pourrais
me
souvenir sans nostalgie
avec
un coeur ferme et non complaisant
de
ces années bénies heureuses et malheureuses
fantastiques
irréelles
douces
et cruelles
merveilleuses
et
sensuelles
que
j'ai passé entre deux vieux sages
deux
vieux coeurs immortels
deux
grands amants d'hier
mes
parents
qui
m'aimaient
et
que j'aimais
qui
m'aimaient
comme
un cadeau du ciel
jeté
à même l'aube
parmi
les arbres et les forêts
les
rivières les usines
parmi
les écrins
des
montagnes bleues
ou
j'ai été conçu
dans
un moment
d'éclat
au
milieu
d'un
lit blanc
et
triste
comme
la
parure du ciel.
LA
MEMOIRE
Que
viennent m'assaillir
à
trevers les espèces
les
hurlements du vent
qui
se dispersent dans le soir
avant
que ne remonte du ciel
les
longs vols d'oiseaux
qui
reviennent de loin
Que
viennent m'assaillir à travers
les
poèmes fantastiques
du
lutteur aux muscles saillants
tels
ceux que Whitman déverse
sur
la page éclatante
du
livre que je compulse
avec
la foi et la sensibilité
d'un
croyant
Que
viennent m'assaillir
les
images
du
mont Vénus
ou
des mondes venus de partout
particuliérement
du moyen orient
où
à cette heure on s'entretue
pourl'un
la liberté
pour
l'autre la religion
pour
l'autre encore le plaisir de tuer
de
détenir le pouvoir
de
contrôler
d'exterminer
d'ammasser
de
persécuter
pour
la survie de soi
de
ses enfants
de
sa race
de
sa religion
de
ses ancêtres
Comment
expliquer
justifier
admettre
la
haine incandescente
qui
jette dans le brancard
des
silex qui brisent
les
membres des mourants
Comment
expliquer au plus profond
l'instinct
furieux des hommes
la
vengeance
le
désir de tuer
de
faire mal
et
de rendre le mal
pour
le mal
Comment
lorsque le jour se lève
alors
que le nourrison crie
appelant
le seins paisible
comment
expliquer
qu'à
cette heure matinale
un
homme
mon
frère
arrache
le coeur
de
son semblable
d'un
ennemi il paraît
un
homme
comme
lui
qu'il
l'arrache
pour
le dévorer
comme
on dévore avec joie
son
propre coeur
pour
le plaisir de tuer
de
se venger
de
montrer
à
la terre
aux
amis
aux
ennemis
toutes
la crauté
la
haine
et
la splendeur de la noirceur
qui
accompagne
la
douceur d'aimer
une
fois
l'arme
rangée
dans
son étui
une
fois
passé
le jour
honteux
de
la dépossession
de
soi
de
la haine irrépréssible
de
la fuite
dans
la nuit
des
nuits
dans
l'horreur
Comment
expliquer
le
sourire angélique merveilleux
de
cette jeune fille
qui
danse
sur
la piste
du
bal populaire
Comment
expliquer
le
sourire aux dents de requin
de
ce footballeur
payé
comme un champion
avec
dix fois
le
prix d'un building
Comment
expliquer
l'image
du sauveteur
qui
plonge dans l'abîme
pour
sauver
jusqu'à
la dernière heure
les
corps déjà meurtris
des
hommes
des
femmes
qui
vont périr à l'instant
sous
ses yeux avec lui
jetés
avec lui
dans
la poussière aveugle
de
la chute
du
soleil
contre
les tours
magnifiques
qui
ornent
de
leurs grands corps élancés
à
Newyork
à
Paris
à
Londres
ou
à
Delhi
ou
ailleurs
les
cités silencieuses
et
bruyantes
des
grandes mégapoles post-moderne
Comment
expliquer
les
corps innocents
des
femmes
des
enfants
des
amants
qui
brillent
dans
la carlingue en acier
de
l'avion calciné
dans
la splendeur d'une paisible
journée
d'été
Comment
expliquer
la
joie des sauveteurs
lorsqu'ils
découvrent sous les gravas
le
corps encore en vie
d'une
mère
qui
semble toute étonnée
de
revoir le jour
Elle
serre dans sa main
la
main
au
bout le bras coupé
de
son plus jeune enfant
Comment
expliquer
le
très radieux pique de clarté
les
horizons splendides
qui
éclatent de lumière
le
long des plaines
des
steppes
et
des immensités blanches
des
immensités
de
sable et de neige
de
pierres et d'eau
Comment
expliquer
les
ardeurs silencieuces
des
corps qui s'enlacent
dans
la nuit froide de l'hiver
dans
la chaleur étouffante de l'été
Comment
expliquer
les
baisers
sur
le corps de l'amant
de
l'amante
de
l'enfant
du
mari
de
la prostitué
et
de la jeune communiante
sur
le corps
de
Jésus
Comment
expliquer
les
cris de détresse de l'animal
qu'on
égorge
juste
avant d'aller
nager
dans
la demeure
pleine
clarté
dans
la demeure
silencieuse
du
pôète
qui
marche sur la cîme
des
astres
Comment
expliquer
la
chute du lutteur
qui
s'écrase sur
la
plateforme du ring
Comment
expliquer
que
l'avion à réaction
pique
du nez et s'écrase
au
milieu d'un paysage de rêve
dans
les forêts délirantes
de
l'amazonie
Comment
expliquer l'Indien qu'on
persécute
et ramène
dans
une cage pour
l'abandonner
à la mort
dans
une prison de haute sécurité
Comment
expliquer
qu'aucun
juge
qu'aucune
nation
ne
comdamne
l'extermination
des
peuples indigénes
aborigénes
premiers
Nos
premiers géniteurs
nos
ancêtres
notre
mémoire vivante
Comment
expliquer
le
soir
la
lune qui brille
les
jours de grande marée
Comment
expliquer
que
mon horloge
se
mette à battre plus fort
Comment
expliquer
qu'après
avoir lu Whitman
je
m'essaye à écrire
des
poèmes de braise
de
nuit
de
lumière étincellantes
pour
tenter de continuer
le
chant des musiciens
qui
improvisent une méloppée
le
long des grands fleuves
rouge
et noir mystérieux éclatants
qui
coulent dans leurs veines
chaque
jour qui fait jour
chaque
nuit qui fait nuit
chaque
jour
chaque
nuit
qui
répercute
en
le modulant
le
chant des amants
Comment
expliquer
que
ma vie
soit
si pâle
alors
que j'aimerais
qu'elle
comporte bien plus d'héroisme.
COMMENT
EXPLIQUER
Le
cri répété du coucou
le
son du tambour
le
vol de la grue
ma
culpabilité
face
au temps qui s'écoule
le
simple sifflet
d'un
train
dans
une région du sud du Brésil
ma
peur de ne pas
gagner
assez d'argent
celle
de perdre la santé
Comment
expliquer
les
jours paresseux
les
nuits laborieuses
les
hommes qui s'amusent
dans
les bars
les
câfés
les
bôites de nuit
et
les bordels
à
injurier
ceux
qu'on appelle
les
homosexuels
Comment
faire pour passer
dans
les autres sphères
dans
celles
remplies
des lumières de l'esprit
Celles
qui expliquent
l'origine
de la vie
et
l'origine du monde
Comment
faire
pour
accéder au gais savoir
à
la sagesse magnifiée
à
la beauté radicale de l'âme
au
courage
à
la vertue
à
la simplicité du moine
à
la candeur du Saint
à
la souplesse d'esprit du méditant
à
la subtilité des couleurs
qui
sont dispersées
dans
la céleste cour
des
forêts tropicale
Comment
faire pour
réajuster
le monde
avec
la dignité
des
premiers hommes
épris
d'éveil
Comment
faire
pour
avoir la foi
le
courage
la
ferveur
la
forme d'esprit
dynamique
et vitale
qui
allie
le
génie du travail
à
celui des plaisirs
Comment
faire pour trouver
à
l'interieur de soi
la
flamme qui reste
à
conquérir
celle
qui résiste à la fureur des vents
à
l'emprise des tempêtes
Comment
faire
pour
rester nu
simple
humble
et
persistant
au
milieu des millénaires
des
mondes changeants
Comment
faire pour accéder
à
l'éblouissement
assis
sur l'espace
au
milieu des clairières
dans
les grandes villes
parmi
les grands immeubles
bercés
par la lumière
du
verre éclatant
ceux
qui donnent le vertige
aux
foules
qui
crient
marchent
s'aiment
se
brutalisent
et
se caressent
en
silence
dans
le silence du jour
Comment
faire
pour
remonter le cours du fleuve
qui
m'annoncera la couleur
qu'avait
ma mémoire
avant
que je sois né
lorsque
je n'étais qu'un fil de soie
perdu
au milieu du vide de l'éternité
Comment
faire
pour
embrasser doucement
sans
défaillir
la
nuque de la jeune fille
qui
me rappelle mes vingts ans
Comment
faire
pour
me souvenir
de
mes meilleures années
passées
à marcher sur les dunes
des
sommets vert
qui
acceuillirent ma jeunesse
Comment
faire pour remonter
le
col de mon manteau
alors
qu'il est cousu
par
dessus les ailes
qui
mes soulèvent de la terre
ou
je reste éblouit.
POEME
IMMATERIEL
Je
continue à lire
Whitman
le
matin est froid
il
y a du soleil
qui
se jette
à
travers
la
grande baie vitrée
de
l'atelier
Mango
l'oiseau bariolé
rouge
bleu jaune
Mango
l'oiseau de paradis
la
perruche bien aimée
mon
aimée
vole
elle
vole
et
virevolte
Elle
vole et virevolte
mieux
encore que mes rêves
mieux
encore
que
mon imagination
De
temps en temps
elle
s'arrête
déguste
une
graine de millet
un
morceau de pomme
boit
de l'eau
s'ébouriffe
monte
sur la cage
toujours
ouverte
et
regarde le monde
à
travers
la
grande baie vitrée
regarde
les oiseaux
qui
traverse
l'espace
du dehors
en
toute liberté
ne
connaît
pas
les très grands espaces
la
vie dangereuse
la
vie sauvage
et
périlleuse
des
oiseaux
qui
vivent libres
au
milieu des dangers
que
récéle
la
nature merveilleuse
la
nature ténébreuse
Elle
penche la tête
me
regarde
écrire
sur mon cahier
certains
poèmes
j'écris
certains poèmes
plus
ou moins
habiles
plus ou moins
malhabiles
Quand
dit on
qu'un
poème
est
bien mis
qu'il
est bien
ou
qu'il est mal
mal
mis
mal
ou bien mis
quelle
importance
quelle
importance
J'entends
du
bruit
dans
la pièce à côté
c'est
le lesson
mon
fils
qui
se lève
il
a du mal
de
se lever
il
s'est couché tard
il
est costaud
intelligent
c'est
un beau mec
il
va sur ses seize ans
il
est déjà autonome
mais
dort trop tard
Loveme
sa maman
ma
compagne
est
déjà au travail
là
bas au loin
elle
enseigne
la
langue de l'orient
Et
moi resté fidèle
à
ma demeure
j'écris
de bon matin
ce
poème d'épars
et
de rêve
ce
poême confus
ou
règne les nouvelles espèces
de
rimes
qui
accompagnent
tous
les poèmes
de
Whitman
Des
rimes libres
espacées
rendues
fluides
par
le souffle
et
la respiration
des
phrases syncopées
qui
déboulent sur ma main
s'ajustent
sur la page
Qui
me viennent droit
du
coeur
et
s'alignent
sur
le recoin
dédié
au poète
Américain
Mango
l'oiseau bariolé
vient
de voler
jusqu'au
dessus
de
ma tête
dans
un vol majestueux
aussi
majestueux
que
le souffle
impertinent
d'une
phrase
qui
dévalle dans les airs
à
travers le soleil matinal
à
travers ma main
qui
me sert
d'instrument
comme
un musicien noir
qui
laisse s'écouler
les
sons
les
rythmes
les
phares
de
la langueur
et
de la vitesse
J'ecris
ce poème
en
hommage à la langue
rapide
mesurée
et
leste
du
poète Américain
Il
est presque huit heure
du
matin
Dehors
à
travers la grande baie vitrée
de
l'atelier
j'aperçois
les
feuilles vertes
ajustées
en colonnes
sur
l'arbre
j'aperçois
la
rue
les
fragments d'immeubles
et
le ciel bleu
dissimulé
derrière
un
rideau pâle transparent
J'aperçois
le soleil
qui
bat
à
travers
un
tas de nuages
blancs
et gris
Nous
sommes un vendredi
Je
m'apprête à marcher
dans
la rue de mes souvenirs
en
récitant un poème
du
matin
pour
me rassurer sur ma vie
Je
suis installé
dans
un grand navire blanc
aux
voiles déployées
sur
le grand espace délirant
qui
agite mes rêves
Je
regarde passer le temps
sans
angoisses
avec
l'obsédante idée
de
m'en libérer
Je
vais avoir soixante cinq ans
pas
assez de rentrées assez consistantes
pour
finir mes vieux jours
dans
le confort
Je
dois toujours trimer
Mais
c'est moi qui l'ai voulu
je
ne peu me plaindre
qu'à
moi même
d'être
ce que je suis
Un
artiste décalé
un
homme qui se dresse toujours
à
contrechamps
un
homme désespéremment debout
dans
la lumière
attendant
sa mort
dans
la beauté resplendissante
d'un
ciel d'azur uniforme
Je
fais tout
pour
exalter les années qui me restent
à
marcher sur cette terre de rêve
Personne
peut être
ne
lira
ce
que j'écris
Les
hommes
sont
comme moi
la
plupart inconstants
et
insouciants
Ils
ne veulent pas savoir
que
les temps sont comptés
Demain
dans
cinq
dix
vingt mille ans
nos
fils
nos
descendants
marcheront
sur le ciel
la
tête renversée
pour
lire nos
phrases
écris
sur
des nuages
ils
marcheront
à
la recherche d'une autre âme
que
celle que nous avons
car
ils auront épuisé la nôtre
J'écris
donc un peu
pour
leur redonner
dans
les pas de Whitman
un
peu de sel et d'espoir
un
peu de la violence des vertiges
qui
assaillent les hommes épris
de
liberté
Pour
qu'ils se souviennent
que
nous avions été avant eux
et
avec eux des défenseurs de la race
des
poètes
Ceux
qui ignorent que le ciel
est
remplis de bougies
qu'on
allume
l'une
après l'autre
après
avoir gravis
la
montagne céleste
la
montagne des rêves
qui
resplendit dans l'âme
des
conquérents de la conscience
universelle
Je
crois en l'égalité des espèces
l'égalité
des hommes
l'égalité
des sexes
Je
crois au mélange des genres
mélange
des couleurs
mélange
aussi des différences
sans
préjuger du reste
de
leur propre singularités
je
crois en l'interdépendance
des
espéces
en
l'indépendance des formes
de
la diversité
des
genres
je
crois en l'indépendance des nations
et
en leur rassemblement
je
crois
en
la paix
en
l'amour
et
malheureusement aussi
en
la guerre
car
souvent la guerre
à
forcé la paix
à
exister
contre
vents et marées
Je
crois aux différences
mais
aussi au brassage
des
cultures
à
l'égalité des dogmes
des
confessions
des
religions
aux
amours interdits
aux
quêtes de l'absolu
aux
révoltes
aux
indignations
aux
amours séraphiques
aux
droits
pour
les handicapés
aux
droits pour les violeurs
les
assassins
les
victimes innocentes
Je
crois aux entorses aux lois illégitimes
et
légitimes
je
crois aux astres
aux
planètes
aux
mondes lointains
mais
surtout
je
crois
à
la splendide beauté
des
forêts
des
eaux
des
montagnes
qui
recouvrent la terre
Je
crois surtout que le mondes des hommes
à
tout interêt à regarder la terre
comme
le plus grand miroir
de
son âme
de
son corps
de
son esprit
S'il
ne la protége
s'il
ne la préserve
elle
mourra
si
il ne l'aime
et
la respecte
elle
mourra
Je
suis un être humain égaré dans l'espace
je
suis un écrivain
des
rêves et du destin
demain
je
serai mort
mais
j'espère
que
mes descendants vivrons
que
la terre
les
plantes
et
les espèces survivront
dans
une amicale loi de réciprocité
rêve
je le sais
mais
rêve à cultiver
j'espère
que demain pour les miens
resplendira
l'amour
la
serennité
l'ivresse
poètique
et
la sagesse
car
je crois
par
dessus tout
en
l'esprit accéré des sages
qui
écrivent dans les astres
je
crois en l'esprit des espèces
en
l'esprit des vagues de l'océan
en
l'esprit des hommes de toute espéce
en
l'esprit de toutes les folies
qui
ont précédées
l'apparition
du monde
Je
crois en la beauté insubmerssible de la pensée
de
la force animale
de
la sagesse et de l'intelligence cachée
dans
l'os
dans
le marais
dans
la tourbe
dans
l'eau étincellante
dans
le corps du cerf
dans
les nuages qui brillent
je
crois en la nécessité d'apprendre
chaque
jour
comment
marche le graal
celui
qui régît les mondes secrets de l'imagination
et
de l'inspiration
Je
crois en un Dieu invisible
qui
régît les vies innombrables
qui
agitent les systémes solaires
les
galaxies
les
planétes
les
mondes inconnus
Je
crois que la vie
est
le plus précieux de tous les biens
même
si la mort est aussi
notre
bien
Je
crois aux vertiges des poèmes élancés
qui
s'abattent splendides
sur
la face du monde
Je
crois dans l'esprit
de
toutes espèces vivantes qui agitent
tous
les mondes invisbles
de
tous les systémes solaires lunaires multidimentionnels
Je
crois en la destruction secrète
de
toute destinée absorbée par le graal
elle
signe l'apparition
de
la beauté secrète
qui
scelle la fin des temps
je
le sais
on
me la dit
au
delà même
de
cette loi d'apparition
et
de disparition
toujours
à
la vertical
du
temps
d'autres
mondes d'autres
existences
renaîtrons
car
le ciel
est
un vaste océan
qui
change
souvent
chaque
trente
billions d'années
il
se ressource
en
modifiant
le
cours
des
destinées
Je
crois au conte éblouissant
de
la transformation
et
de la réincarnation
Je
crois en un dieu bipolaire
libérateur
et castrateur
je
crois surtout en un Dieu
créateur
originel
de
toutes les beautes
et
laideurs du monde
Je
crois en l'apparition
d'une
âme intangible universelle
Je
crois en l'éveil
de
toutes les espèces
terrestres
et
extra terrestres
Le
jour viendra
ou
toutes seront libérées
du
poids
des
rêves
des
pensées
et
des ivresses matérielles
le
jour viendra
ou
toutes les espèces
apparaîtrons
sur
le sommet des nuages
pour
éclairer de leur lumière
le
règne sans fin de l'éternité
je
crois en l'aube nouvelle
qui
se lève
en
la langueur chavirante
des
destinées
qui
se noient
dans
la poussière immatérielle
de
l'azur infini
Je
crois que Dieu nous tient
dans
ses doigts de rêve et de sable
pour
nous inviter à mourir en rebel.
FATIGUE
Fatigué
de lire Whitman
inconstant
je
me laisse aller à écrire sans lui
dans
un parc imaginaire
dessiné
par un architecte insolent
Je
devise en marchant
quel
rapport entrenir avec la poésie?
Quel
rapport direct
immédiat
quel
sens rechercher
recueillir
transporter
sauf
ailleurs qu'en imagination
sauf
ailleurs qu'en dehors
sauf
en dehors du monde
Pour
Whitman
le
chant
le
poème
la
pierre
tout
est dans l'état de nature
dans
le moi spontané de la nature
Pour
moi aussi
le
moi spontané de la nature
marque
le
soi le je
l'étendue
immense
du
moi
Mais
étant aussi
un
être
composé
de
vastes chimères
empli
par de vastes débauches
je
ne trouve satisfaction
que
dans le pas ralenti
de
la mémoire
dans
le souffle exhalé
par
la mémoire spontanée
par
celle qui me revient
comme
un vertige
là
ou s'accomplit
comme
dans un conte
ou
un entretien imaginaire
l'image
presque parfaite
de
mon moi océan
le
moi nature
de
mon vaste super vaste
inconscient
Je
traverse ma mémoire
dans
l'éclat des poèmes
traversés
par des mémoires anciennes
toutes
en provenance
de
cette île mystérieuse
qui
gît
au
fond du moi originel
au
fond de l'astre perdu
au
milieu des rails de chemin de fer
de
mes souvenirs
Ma
poèsie est incertaine
émaillée
par le chant des oiseaux
par
le sifflet serti d'or
des
colombes ancestrales
Sur
la découpe du temps
j'inscris
ce grand et vaste poème
inaudible
pour
celui qui recherche
l'apparition
immédiate d'une jouissance dans l'âme
jetée
comme un caillou sur la vitre
Je
retarde les effets
de
l'éblouissement
par
un long sifflement tiré de l'eau
qui
fraye
avec
les souvenirs inconscients
Mes
jets de poésie
sont
découpés
comme
des spectacles obscurs
qui
se jouent
dans
l'ombre de mon cerveau
Ils
surgissent à la lumière
comme
un jet d'eau qui monte d'un coup sec
et
régulier dans l'air
Mon
poème est tranquille et vaste
comme
les champs recouverts
de
fleurs jaunes rouge et multiformes
Mes
poèmes sont des pentes qui dévallent
les
montagnes
des
pierres chauffés à blanc
qu'on
jette dans l'eau
pour
les faire exploser
dans
des jets de vapeur verticaux
Mes
poèmes sont
comme
des corps tranquilles
de
femmes
qui
se baignent à l' aube
dans
de vastes clairières
illuminées
par
le chant des oiseaux
Mes
poèmes
sont
des lignes
courtes
et rapides
qui
foncent
à
travers l'espace
pour
aller conquérir
de
nouveaux continents
des
continents semblables
ou
similaires
à
ceux du graal
Je
n'écris que pour me conquérir
nu
incertain
jamais
satisfait
toujours
inconstant
mais
fidéle
à
la mémoire de l'aube
Je
n'écris pas
pour
la postérité
mais
pour l'homme de l'éternité
pour
l'homme perdu
au
fond des déserts
pour
l'homme déchu
qui
attends l'heure
de
sa mort
en
ayant l'oeil fixé
sur
les anneaux du soleil
qui
éblouit son coeur
lorsque
la nuit s'écrase
contre
la terre
Je
n'écris que pour la vaste union transparente
du
ciel et de la terre
dans
la ligne de mire
du
Tao originel
Je
remonte en silence
le
vaste océan originel
dans
une barque de lumière
portée
par deux anges
inquiets
qui
veillent
sur
mon sommeil
Je
joue avec les mondes insolents
qui
dévastent les certitudes humaines
Je
suis lié au ciel et à la terre
par
un serment que j'ai fais
un
jour à l'aube
de
dormir seul
et
nu
dans
le vaste espace
de
la mémoire des hommes
pour
chanter
l'avenir
le
présent
le
futur
et
l'intangible
joie
d'exister.